J'ai abandonné mon rêve jusqu'à ce qu'une amie tombe par hasard sur un texte que j'avais laissé sur mon lit. J'avais été jusqu'à le suivre dans son hôtel particulier ! Nous en avons rencontré trois. A 69 ans, le coauteur de L'Eté indien, de Joe Dassin, enseigne son art lors d'ateliers d'écriture fréquentés autant par des quidams que par des artistes renommés, comme Emily Loiseau.
» Il faut dire qu'il n'a pas vraiment le choix. Le dernier de Johnny, Rester vivant (novembre 2014), a atteint les 600 000 exemplaires. En moins de six mois, Chambre 12, de la jeune Louane, a dépassé les 650 000 ventes. A 100 000 exemplaires, comptez 2 000 euros. Dans un contrat classique, la règle est généralement de payer un auteur 8% de droits jusqu’à 10 000 exemplaires vendus, 10% entre 10 000 et 20 000 exemplaires et 12% au-dessus, 10/12/14% si vous avez un peu plus de chance. Nombreuses sont les plateformes qui proposent d’acheter des morceaux pour des prix variant entre 0,79 et 0,99 centime tandis que les albums sont souvent vendus pour 9,99 euros (prix constatés sur iTunes, Amazon ou le PlayStore). C'est d'ailleurs en référence à une Å?uvre de Jean Giono (1895-1970) que l'ex-publicitaire de 43 ans a trouvé le titre de la première chanson de Rester vivant, le dernier album de Johnny Hallyday : J'ai ce que j'ai donné. Son seul salaire, c'est le droit d'auteur. « J'épouse l'univers des artistes avec lesquels je travaille. Ces refrains sont sur toutes les lèvres, mais leurs auteurs s'effacent devant les interprètes. Puis Amel Bent, Yoann Fréget, gagnant de « The Voice 2 », et enfin Kendji Girac. Il faut lui ajouter les diffusions à la télévision, à la radio et les concerts. Stromae a écrit lui-même les textes de Racine carrée (3 millions d'exemplaires).
La chanson, c'est de l'art, mais c'est aussi du business.« Je suis arrivée à Paris à 19 ans, avec des textes sous le bras, se rappelle Elodie Hesme, 42 ans.
En effet, qui, parmi les 9 000 spectateurs qui acclameront Johnny Hallyday au Palais Nikaia de Nice, le 2 octobre, saura que les mots scandés par l'idole des jeunes ont été écrits par une poignée d'inconnus qui ne l'ont, parfois, même pas rencontré ?Ces artisans du verbe participent pourtant au succès des artistes francophones. En quinze ans, les ventes de disques ont chuté, les recettes des auteurs aussi, mécaniquement.« Sur Internet, on ne gagne rien : un million de vues sur YouTube, c'est 500 euros à partager entre nous, éditeurs, et les auteurs-compositeurs. « Si j'avais fait ce métier il y a vingt ans, j'aurais déjà ma maison de campagne », plaisante Elodie Hesme, qui est aussi actrice et écrivaine. Ã?a a commencé avec Elodie Frégé, « diplômée » de la « Star Academy » en 2003, pour laquelle il a écrit Je sais si peu. » Quand elles le sont, le parolier ne touche pas un euro. « Avec mes amies, on est passionnées par ces questions de psychologie. Les chanteurs remercient leurs musiciens, mais rarement les paroliers.« On devrait créer une victoire de la musique du meilleur parolier », imagine Jean Fauque, grand ami d'Alain Bashung, à qui l'on doit Ma petite entreprise et La nuit je mens. Il en a tiré Color Gitano, un titre simple qu'il conçoit comme « une carte d'identité » du chanteur.Parfois, la vie personnelle du parolier interfère.
Des succès chantés sur toutes les scènes. Lorsque j'écoute mes textes chantés en public, je savoure mon bonheur discrètement. Chacun envoie quinze textes différents.
Il y a huit ans, il écrivait le tube Allô le monde pour la chanteuse Pauline. Le titre Je m'appelle Bagdad, écrit après avoir entendu le journaliste Roger Auque parler de la guerre en Irak, est aussi un succès pour son interprète, Tina Arena.Depuis, Elodie Hesme met sa sensibilité au service des femmes. J'essaie de comprendre ce que veut dire l'interprète.